La bataille sur la prorogation du mandat des députés jusqu’en mai 2020 n’a plus eu lieu. L’annonce de l’adoption, ce 7 juin 2019, en conseil des ministres, d’un projet de loi portant prorogation du mandat des députés avait créé un tollé au sein de certains états-majors politiques, notamment au niveau de l’opposition. Certains messages étaient même de nature à créer la confusion dans la tête de paisibles citoyens par rapport à la différence entre un projet de loi et une loi organique.
À la grande surprise générale de tous, l’opposition a rendu les armes. Ainsi, le projet de loi proposé par le gouvernement a été voté à 123 voix pour, 19 abstentions et zéro voix contre. Autrement dit, même les députés des partis politiques de l’opposition, qui ont ouvertement dénoncé le texte, l’ont finalement voté ou se sont, au pire des cas, abstenus. C’est donc, contre la position de leur parti respectif que les députés ont tout simplement prorogé leur mandat. Suite à l’annonce dudit projet de loi, le parti SADI a jugé ‘’illégitime, illégale, ignoble et inutile, la prorogation’’.
L’ADP-Maliba, dans son communiqué du 8 juin 2019, a appelé à la constitution d’un front commun pour faire barrage à l’initiative.
« …le parti manifeste son rejet total d’une nouvelle prorogation du mandat des députés. L’ADP-Maliba rappelle que le mandat des députés a pris fin depuis le 31 décembre 2018. Ce projet de prorogation n’est soutenu par aucune base constitutionnelle. Par ailleurs, le parti rappelle que cette Assemblée nationale, en plus de son illégitimité, n’est plus représentative de la réalité de l’actuel paysage politique national. Pire, L’ADP-Maliba ‘’invite l’ensemble des forces politiques et sociales du Mali à constituer un front commun pour faire barrage à cette violation flagrante de la Constitution du 25 février 1992 obtenue de haute lutte par le Peuple malien ».
Soumaïla Cissé, lors de la conférence de presse de l’opposition du 13 juin 2019, a précisé qu’il était contre le projet de loi du Gouvernement. Toutefois, s’il était voté par les députés de l’Assemblée nationale, son parti ne quitterait pas l’Hémicycle de Bagadji.
Malgré ces prises de position, les députés de ces partis politiques, dont ceux du chef de file lui-même n’ont pas voté contre le texte. Les députés les plus respectueux vis-à-vis de la décision de leur parti ont fait abstention.
Le projet de loi a donc passé comme une lettre à la poste, donnant l’occasion aux députés qui ne sont plus en phase avec leur base de se racheter ou du moins de bénéficier d’une année supplémentaire dans les grâces de l’État malien.
Par Sidi DAO